Yoshi's Story sur Nintendo 64 Jeu Video

Oui enfin nous y sommes ! Le petit dinosaure de Nintendo aura su se faire attendre, c'est le moins que l'on puisse dire. Et avec la manière, encore. Ainsi, bien heureux celui qui aurait pu nous donner une définition exacte du concept Yoshi's Story avant sa sortie officielle au Japon. Certes quelques bribes ont filtrés lors des derniers mois : l'assurance d'un jeu de plate-forme en 2D, la présence de Yoshi, l'absence totale de Mario. Mais l'histoire, les aptitudes de notre dinosaure, ses rencontres...Tout cela restait du domaine de l'inconnu. Il faut dire que Nintendo sait, quand il le veut, pratiquer une langue de bois du meilleur ébène.

Yoshi's Story est véritablement un concept à part. Comprenez-le bien, les développeurs n'ont pas voulu faire un jeu vidéo. Si tel avait été le cas, nous aurions eu droit à de vastes mondes en 3D, un déluge d'effets spéciaux... La Nintendo sait faire tout cela. Non l'idée est tout autre. Ce que vous aurez devant vous en allumant votre console, c'est un livre pour enfant...Un de ces magnifiques ouvrages aux illustrations richement colorées, dont l'histoire, si délibérément tendre et simpliste, transporte le lecteur consentant vers un monde imaginaire, éphémère refuge de l'âme. Une approche totalement nouvelle, qui a ses charmes...et ses défauts. Nous vous expliquons tout cela plus en détail dans ce qui va suivre.

Tout commence ainsi. Mario faisait ses premiers pas dans le quatrième volet d'une aventure commencée sur NES. Tout à coup, s'offre à lui une de ces inévitables boîtes à bonus. Sur de fait, le plombier moustachu donne un bon coup de tête dedans, pour en faire jaillir un oeuf moucheté de blanc et de vert. La coquille se craquelle et soudain apparaît... Un audacieux mélange de dinosaure, de caméléon et de tortue ! Un nez disproportionné, des yeux de cocker, le teint verdâtre, tel se présente ce curieux animal. Son nom ? Yoshi.

Tout commence avec un livre. Un de ceux qui, lorsqu'on louvre, déploient des dessins en relief, pour la plus grande joie des enfants. Ainsi se présentent les six mondes de Yoshi's Story. Et au milieu de ces sommets neigeux, de ces forêts luxuriantes, quelques cubes numérotés font office de niveaux. Première partie, première victoire. On s'attend à passer au cube suivant, mais non, la page se tourne vers un nouvel univers. Incompréhension, inquiétude. On continue d'avancer et 45 minutes plus tard le générique défile sous nos yeux. Stupeur...vite résorbée. Chaque page se compose de quatre niveaux. Le premier est toujours accessible. Les autres, il faut les mériter en collectant des coeurs, dans le monde précédent. En clair, cela siqnifie que pour terminer les 24 niveaux, il faut faire quatre fois le tour du jeu, en prenant soin de collecter à chaque nouvelle partie les trois coeurs qui vous ouvriront les portes des stages suivants. Un système complexe, d'où la difficulté à vous l'expliquer clairement. Mais dans la pratique, cela incite le joueur à remettre plus d'une fois sa cartouche dans la console, ce qui n'est pas le cas pour d'autres jeux de plates-formes. Mais on parle ici d'une production Nintendo.

Alors pourquoi s'étonner ? Passée la période d'acclimatation, on s'intéresse de plus près à la réalisation. Imagination démesurée des programmeurs...On n'a jamais vu de décors plus originaux que ceux de Yoshi's Island : forêt cousue main, jungle de cuir, horizons brodés... Certes on pourrait rétorquer que techniquement, on a déjà vu mieux... Mais connaissez-vous beaucoup d'autres graphismes qui surprennent et amusent à ce point ? Et puis arrive Yoshi, Yoshi et sa constante bonne humeur, ses petites mimiques, quoi qu'il advienne. Mais surtout, surtout, son verbiage incessant, ses sonorités si parfaitement appropriées...Un vrai gamin épanoui, pourrait-on dire. Quelques coups de manettes à droite à gauche, histoire de vérifier, s'il était nécessaire, que la jouabilité Nintendo n'est pas un conte...pour enfant. Une prise en main immédiate, un plaisir instantané. Un piège redoutable, et finalement, tout le monde s'y prend : le joueur confirmé comme le néophyte réticent. Et puisque Yoshi parvient à séduire tout le monde, il faut un challenge à la hauteur de tous. C'est bien là que le bât blesse, ainsi, vous n'éprouverez pas de réelle difficulté pour arriver au dernier chapitre.

L'exploration poussée n'est pas encouragée : 30 fruits, trois coeurs pour les plus agiles, et l'on passe au niveau suivant. Nous venons de nous séparer là des joueurs occasionnels. Passons aux Nintendo-fans, avides de percer le moindre petit secret. Là aussi la déception est aux rendez-vous. Certes, il y a quantité de bonus à déceler, de pièces à collecter... Mais les rouages ont passablement rouillé, il faudrait les changer. Ainsi, l'oeil averti localisera aisément les endroits suspects, ira droit au but sans même s'en rendre compte. Nous touchons là le point sensible de Yoshi's Story : simplicité délibérée pour se démarquer un peu plus du jeu et se rapprocher du conte, ou laxisme bien réel des programmeurs ?

La réponse ne dépend que de vos attentes. En toute objectivité, Yoshi's Story élève le jeu vidéo au rang d'Art, laissant libre cours à l'imagination fertile d'une poignée de génies. Quand au challenge, signalons tout de même la présence d'un "Time Trial", vous invitant à refaire chacun des niveaux le plus rapidement possible sans passer outre la pléiade de bonus. Nul doute que les "scorers" y trouveront leur bonheur...un moment.